Antagonisme = illusion du militantisme

Publié le par ArbreBlanc

Depuis l'un des premiers articles de ce blog, je pointe la présence d'antagonismes sociaux. Et le commercial, qui sous prétexte de bien-être ou d'écologie, vous vend un truc est un passeur de ces antagonismes, qui autrement seraient invivables.

Antagonisme ... de classe, disait Marx, qui basait son analyse et son verdict sur le dépassement de l'antagonisme de classe. Les possesseurs du capital sont priméoccupés d'extraire le maximum de richesse de leurs entreprises, pressurant les employés, qui a leur tour voudrait bien retirer plus de leur travail.

Antagonisme de l'individuel et du collectif. Entre social et liberté il faudrait choisir. L'individu est tourné vers la satisfaction de ses désirs, dont on autorise, suivant les sociétés, plus ou moins de latitude par rapport aux désirs des autres. La société, par contre, donnera pour partie des contraintes, sous forme d'impôts, de règles, de lois, de moeurs. Et l'antagonisme, constitutif de nos rapports individuels et sociaux, trouve son atténuation dans la limite que tout individu met à ses désirs, sous peine d'anomie ou de solitude des désirs.

Antagonisme entre dirigeant, qui commande, et dirigé, qui obéit. Dirigeants politiques, dirigeants économiques, hiérarchie. Concentration rationnelle issue d'une recherche d'efficacité, aboutissant à des rôles antagoniques.

Antogonisme entre conviction (intime) et responsabilité (collective), entre la focalisation sur la personne dans des rapports inter-individuels, ou bien aux groupes ou institutions, et focalisation sur d'autres, un groupe, au nom duquel il faut mener des actions en accord avec des objectifs.

Antagonisme du libéralisme politique, où chaque institution, dotée d'un pouvoir limité, limité par celui des autres institutions, construit sa stabilité sur l'exercice d'opposition aux limites.

Conflit ? Et non, justement, pas forcément. Le conflit est un mode de matérialisation de l'antagonisme MAIS n'en ai pas le seul mode de résolution ou d'avancée. Exit donc : la seule théorie de la médiation. Car il y a plus intrigant.

L'antagonisme est une forme exacerbée de différence. En tant que telle, la différence est INTERSTITIELLE. C'est-à-dire qu'elle permet que se glisse, dans l'interaction ou la réception de cette différence, une création. Celle que ni l'origine de la différence ni son récepteur n'auraient pu imaginer SEULS. D'où le sacré. D'où l'Art. D'où l'amour. D'où des quantités de choses qui sont le moteur de l'humain.

Il appartient à une démarche sociologique d'étudier, et discerner, dans l'histoire, quels sont les antagonismes invariants, et ceux qui sont transitoires, instables et générateurs de changement. Et puis ceux qui passe d'un mode à l'autre : non pas invariants mais suffisamment stables pour perdurés, puis être finalement démolis pour passer à autre chose.

L'antagonisme capitalisme / démocratie est-il de cette dernière nature ? Pour faire référence à l'agitation d'un drapeau rouge récent, digne d'un toréador, peut-on se demander, pour la vingtième fois depuis les 35 dernières années si : l'antagonisme entre capitalisme et démocratie occidentale est-il à ce point exacerbé qu'une réaction - de désespoir - des classes ulcérées pourraient se manifester ? Et faire évoluer le rapport antagonique actuel (quelque chose de l'ordre du social-libéralisme, qu'on soit d'un bord ou de l'autre - sauf du centre, qui se réclame de la même chose) ?

Et comment, faute d'avoir répondu à cette question, ne peut-on pas voir dans la survivance du marxisme, un empoisonnement bloquant l'évolution de cet antagonisme ? Ou bien encore, en clair, comme ne pas voir que PCF, LCR et autre LO jouent les conservateurs attardés, monopolisant un certain espoir ? Illusion du communisme pur, en conséquence, du partage de tout entre tous, qui n'est qu'un argument de propagande.

Je pense que le problème s'énonce clairement : une position sans appui sociologique, voir sans appui sur la psychologie sociale, ne vaut que pour faire de la politique, car autrement il faut prendre en compte tous les antagonismes (mais aussi les symbioses) qui traversent nos sociétés.

Mais une position politique ne pouvant pas être rationnelle (elle paraît très souvent au mieux pseudo-logique, et est parfois immorale - voir la grâce des condamnés de l'arche de Zoé obtenue en contrepartie du soutien militaire des Français au Tchad), je pense donc, en conséquence, qu'il est illusoire de vouloir réconcilier politique et raison. Encore un antagonisme, qui plus est très stable ... d'où je retire la décision de ne plus m'engager comme militant.

Pourquoi, dès lors, ne pas se laisser dériver au fil de l'interstitiel humain ?

Publié dans Réflexion

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