Vagabondage professionnel

Publié le par ArbreBlanc

Je vagabonde dans le dictionnaire des métiers. Si il n'en tenait qu'à moi, si je n'avais pas à assurer ma subsistance par un métier dans lequel je dois être un spécialiste pour pouvoir être productif, je prendrais le temps de me reformer et je serais ...

Botaniste, pour apprendre le nom de toutes les fleurs et pouvoir écrire des poèmes savants.

Accompagnateur de moyenne montagne ou guide de haute montagne, pour arpenter les versants, les vallées, les pics et les glaciers et rencontrer l'indicible.

Agriculteur pour retourner la terre et voir les saisons la transformer.

Ingénieur forestier, pour parcourir les claies et les futaies, pour se perdre dans le végétal et la nuit des sous-bois.

Architecte pour faire des bâtiments des œuvres d'arts, ou paysagiste pour faire la même chose avec la matière végétale et les terrains non construits.

Conducteur de bus pour mener une activité sans aucune complication intellectuelle ou pratique, tout en pouvant conduire, c'est un plaisir pour moi.

Infirmier, pour soigner modestement et pouvoir faire un accompagnement de proximité dans les antichambres de la mort.

Pourquoi pas fleuriste, ou bien encore boulanger, ou ethnologue. Mais avec l'intuition que ces métiers sont statiques, ou sans espoir, les populations autochtones disparaissant les unes après les autres. Les prochaines autochtones, c'est nous !

Écrivain, pour passer son temps à écrire. Ou interprète, traducteur, pour manipuler les mots uniquement.

Guitariste, pour passer son temps à jouer et composer de la musique, à parler avec le coeur, avec des notes et des chansons.

Météorologue pour aller regarder les nuages, sentir le courant des vents, la pression des eaux.

Océanologue, pour parcourir les océans et se perdre au milieu des déserts d'eau, voir toutes les nuances du bleu, surtout du bleu profond, sombre, et les trous béants de la houle.

Cinéaste ou scénariste, pour donner la vision des mondes irréels, sur réels, fictifs, intersticiels, des émotions, des sentiments, des regards, des sons, des musiques, des voies, des perspectives ... le Monde entier !

Vigneron pour se battre avec la terre et les circumvolitions torturées des vignes.

Mais je ne suis plus le lycéen qui pourrait alors porter le regard avec joie sur ce territoire des possibles, et je sens toute la pression qui me fait me contenter de ce que je suis, polytechnicien-rêveur.

Publié dans Ouate

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