Torrent, lac, vortex, business moderne
Je suis en formation en ce moment (Cf article précédent), dans un contexte on ne peut plus mondialiser, « offshoriser » si je peux me permettre cette horreur, où la seul langue qui existe est l’anglais. Et en France …
C’est une machine que rien ne semble pouvoir arrêter, dont le moteur est incontestablement l’innovation, qui produit la nouveauté. Les dirigeants / hommes d’affaire reprennent alors ces nouveautés, pour gagner ou créer de nouveaux marchés, et ainsi se doter d’un avantage compétitif qui leur assurera de faire un chiffre extraordinaire, et ainsi de remplir les objectifs délirants qu’à fixer l’actionnaire. Ou bien même de faire surgir un nouveau marché à la vitesse de la lumière.
Et voilà la machine à changement en marche … elle ralentit parfois, lorsque les conditions sont un peu moins favorables, mais pour repartir de plus belle. Elle ne s’arrête jamais. Et en ce moment elle s’emballe. Les nouveautés sont légions : TIC (Technologies de l’I… et de la C…), délocalisation, orientation service, recentrage sur le cœur métier, fusion, etc.
Cette accélération concerne de plus en plus de pans de l’économie d’aujourd’hui. Il y a de moins en moins de secteurs qui soient traditionnels et qui ne soient pas bouleversés par ce phénomène, au cœur duquel on trouve notamment les TIC comme moteur perpétuel d’innovation et servant de toutes les folies structurelles.
Ces principes favorisent des démarches court-terme, tournées directement vers l’opérationnel, au détriment des visions stratégiques. Le monde économique est gagné par le « court-termisme ».
Il manque pourtant un élément dans ma description. Vous voyez ? Non ? Normal. Il n’y a pas une place centrale. Il apparaît souvent sous le nom « Client » ou « Employé ». C’est l’humain. L’humain est à la périphérie de cette mécanique, centrée sur l’argent, la valeur (qui mesure le désir d’acquisition moyennant finances de biens ou services), la rémunération du capital, le marché …
A ce point les eaux de ce torrent tourmenté et dévalant une pente de plus en plus forte se séparent en deux flots. Celui du marché continue sa course, charriant roches et emportant les arbres de la berge. Celui des idées se jette alors dans une étendue plus vaste, mais parcourue de vortex. Un lac aux eaux tourmentées.
Faut-il, peut-on laisser ce torrent intrépide, que personne ne maîtrise et qui est de plus en plus difficile à canaliser ou à ralentir, posséder crescendo nos existences ?
Certains répondront oui, croyant en une conciliation possible entre les principes décrits et ceux, humanistes, qui nous avons hérité d’efforts et de combats successifs : Lumières, révolutions, républiques, démocratie, socialisme. Pourtant, cette machine est prête à ignorer certaines valeurs. Prenez par exemple celle-ci : tout individu devrait recevoir sans grande peine les moyens de sa subsistance. Amendement rejeté par les marchés ! C’est le domaine de l’Etat, répondent-ils, je ne peux pas, je ne veux pas, je ne sais pas répondre.
Alors l’Etat corrige les inégalités, en ponctionnant ceux qui ont beaucoup pour donner aux autres. Et en encourageant la croissance pour augmenter ses rentrées. Mais pour que ceci puisse continuer à fonctionner, pour garantir le pouvoir d’achat de chacun, il faut que la nation capte les richesses produites par le biais d’entreprises établies sur son sol et / ou employant sur son sol. Ouvrons les yeux : cette captation est de plus en plus compromise, LES FRONTIERES ECONOMIQUES DISPARAISSENT avec la globalisation, rendue possible par le libre échange. Les grandes entreprises sont globalisées. Et se déploient au moindre coût à travers le monde.
Je pense que ce grand écart ne fait que freiner et masquer un futur appauvrissement Européen. Et qu’il faut combattre cet état de fait. Examinons quelques pistes.
Mettre en place un Etat mondial, chargé de veiller au pouvoir d’achat de toute la population ? (Rires)
Mettre en place des structures européennes pour s’adapter à la disparition des frontières économiques entre les nations ? Ceci peut avoir un effet au sein de l’Europe, et à condition qu’elle se dote d’instances véritablement régulatrices (sociale, démocratique, politique) et ne soit pas simplement destinée à effacer encore un peu plus ces frontières … Ce qu’elle est aujourd’hui : l'Europe est A CONTRESENS. De plus, ceci n’empêchera pas certaines activités de ne pas être sous influence Européenne, et de s’envoler pour l’Inde, l’Asie, l’Amérique Latine.
Fermer les frontières ? Trop tard, tout simplement. La dépendance de l’économie vis-à-vis du commerce extérieure et de la croissance est trop forte dorénavant.
Il ne reste qu’une solution : lâcher prise, accepter de revenir sur les principes humanistes. C’est ce qui est en train de se passer. Suivre le torrent du changement.
Vous l’acceptez peut-être, moi pas. C’est une menace considérable qui suppose un appauvrissement intellectuel énorme. Riche et crétin ou pauvre et humain ? C’est en ces termes que se joue le futur.
N’est-il pas temps de dire STOP, réfléchir, fonder des réponses sur une approche sage (philosophique s’entend), envisager l’avenir, combattre ? Je pense que c’est URGENT.