Pro ou anti nucléaire, on y arrive doucement mais sûrement

Publié le par L'Arrosoir

Au conseil européen de la fin de cette semaine (jeudi et vendredi), seront examinées les propositions de politique énergétique de la commission, objet d’un précédent article.

Comme pressenti dans une réaction récente, le débat va tourner autour de la place du nucléaire, source d’énergie NON renouvelable, mais ne produisant pas directement de carbone lors de son utilisation. Encore faut-il voir le coût en carbone de son extraction, de son enrichissement, de son transport, de son recyclage. Qui est sans doute bien plus élevé que l’éolien ou le solaire, même en tenant compte de l’énergie nécessaire pour fabriquer les éoliennes ou les panneaux solaires.

Mais le point le plus grave, qui est totalement anti-écologique, c’est bien sûr le problème aigu des déchets, au premier rang desquels celui du plutonium, véritable poison pour l’homme, tant pour les risques de prolifération nucléaire qu’il induit, que pour sa toxicité qui dure des dizaines de milliers d’années. Cette question est totalement occultée et c’est un scandale.

Nous sommes donc en présence de l’opposition annoncée de deux logiques : l’une, celle du volontarisme écologique, qui consiste à développer les énergies renouvelables et à privilégier les solutions les moins polluantes, les plus acceptables pour l’environnement, soutenue par l’Allemagne qui a enrôlé la Grande Bretagne, l’autre celle de l’opportunisme nucléaire, qui n’est qu’une solution partielle, dont il convient de mesurer les inconvénients écologiques à long terme.

Les deux logiques sont soutenues par des industriels : industrie éolienne et solaire très en avance outre-Rhin, bien en avance sur la France en tout cas, Areva, conglomérat public en France, qui salivent probablement tout deux à l’idée de rafler les contrats de construction de centrale (et de recyclage des combustibles pour Areva).

Dommage que ce sommet intervienne avant l’élection présidentielle, ou tant mieux, c’est selon.

Dommage car on ne verra pas les candidats majeurs à l’œuvre en pratique sur la question du nucléaire, même si on a eu un aperçu de la position de Ségolène Royal, pas franchement pour le nucléaire mais pas franchement contre non plus, et qui nous ressert le dessert d’avenir avec débat sirupeux, moratoires chocolatés mais sans donner d’avis sur le fond. Or ce fond-là, faut-il le faire dépendre d’un débat participatif ou bien d’un choix politique clair et assumé, basé sur des convictions écologiques profondes ? Je ne vous parle même pas des deux autres, même si il y a en un qui pourrait encore nous surprendre tant il est prêt à tout (et tant mieux).

Tant mieux car ils vont pouvoir s’exprimer sur ce sujet concret et je les attends avec envie, tant sur la question énergétique, que sur le sujet écologique ou européen. Je serai franchement déçu si cette question ne filtre pas dans les médias.

Et pour finir, un petit aperçu de la question à travers une dépêche pour le monde économique, disponible ici. Où on s’aperçoit que le super-patronat européen, Business Europe, présidé par E.-A. Seillière, qui coordonne les organisations patronales européennes, dont le Medef en France,  souhaite que la solution du nucléaire soit étudiée de près. Oui, car le renouvelable serait plus contraignant que le nucléaire en terme de coûts. Où sont les chiffres ? Je demande à voir.

Alors je vais voir, sur leur site, et je n’ai rien trouvé. Juste le fait qu’ils souhaitent voir étudier les impacts économiques des choix européens.

Je vais vous dire franchement : moins il y aura de nucléaire, mieux nous nous porterons. Et peut-on chiffrer le risque du nucléaire ? Les conséquences humaines, et pas simplement économique, en cas de contamination ?

Un exemple concret, une fois de plus, et sans forcer, du clivage réel entre primo-économistes et primo-humains. Les uns auront une préférence marquée pour ce qui sauvegarde la santé économique, c’est-à-dire la compétitivité, impérative dans des économies globalisées, et la possibilité de continuer à satisfaire l’actionnaire, devant les risques de dégâts sociaux ou humains. Les autres ayant une position inverse, prêts à sacrifier ou à prendre des risques avec l’économie (si toutefois il y a des risques à mettre en place des éoliennes !!!) pour sauvegarder l’humain et le sociétal.

Encore une illustration d’un antagonisme marqué et devant lequel il faut prendre parti ! Le vocable d’antilibéral a bel et bien un sens, si vous en doutiez, tentez d’infirmer la logique suivante :

1. la solution économique est plus rentable lorsqu’elle se dégage des risques sociaux ou humains qui ne menacent pas directement son activité, car elle n’en a pas à en supporter les coûts
2. la globalisation des économies tend à répandre le modèle le plus rentable
3. conjonction des deux points précédents : c’est le pays où les risques sociaux ou humains sont les plus élevés qui gagne, et a tendance à répandre ses standards, tant qu’il n’y aucune catastrophe.

Acceptez-vous d’être gouverné au niveau mondial par le catastrophisme ?

OUI : votez Bayrou, Sarko, etc.
EUH, J'HESITE : votez Royal, un pied dans chaque camp, et priez pour que San Andreas ne vous coupe pas en deux.
NON : votez alter mondialiste, donc Bové (Buffet, Laguillier ou Besancenot si vous ne pouvez pas faire autrement).
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A
En plus du problème des déchets et de celui des transports de plutonium, un produit bien dangereux à de nombreux égards, il faut bien se rendre compte que le nucléaire n'est pas une solution d'avenir.<br /> Par exemple, http://futura24.site.voila.fr/nucle/generation4.htm explique assez bien la situation.<br /> Alors que le pic de production de l'uranium arrivera aussi sûrement que celui du pétrole, les réacteurs actuels n'auront plus de quoi fonctionner. Les réacteurs futurs arriveront trop lentement et en trop petit nombre pour prendre le relais.
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A
Effectivement en projetant les ressources connues et la consommation actuelle, on arrive à une capacité pour 38 ans. Si on prétend que le nucléaire se substitue au pétrôle, la consommation augmente et donc ce temps diminue. Voir à ce sujet le document suivant (http://www.energywatchgroup.org/fileadmin/global/pdf/EWG_Uraniumreport_12-2006.pdf) De combien ? Difficile à dire. Mais en tout état de cause, l'industrie nucléaire a eu besoin, pour garder sa sérénité, de dégainer le RNR, Réacteur à Neutron Rapide. Superphenix en somme. Le problème c'est que ce genre de bidule n'est pas intrinséquement stable. Dans les réacteurs à eau sous pression, en cas d'emballement de la réaction nucléaire le ralentissement des neutrons diminue et agit donc à la baisse de la réaction. Mais dans les RNR : c'est le contraire. Pas d'effet ralentisseur avec l'augmentation de la réaction. Et si on tentait d'intégrer dans les choix énergétiques non pas simplement la compétitivité à court terme mais également le coût des risques et la valeur à long terme ? Plus l'impact CO2 ? Plus l'évaluation globalement de l'humain sur le choix effectué ? On ne peut pas tout ramener à l'aune d'une mesure commune. Là s'arrête la logique, là commence le sentiment et l'influence.