Loin de Chandigarh

Publié le par ArbreBlanc

J’ai enfin terminé ce petit article, qui traîne dans mon traitement de texte depuis un moment, sur le roman de Tarun J Tejpal, auteur indien, premier livre de l’écrivain salué pour l’indépendance éditoriale de sa revue.

Je m’attendais, occidental pétri de tentations, occidental pétri d’utopies, occidental pétri de simplisme, à un voyage mystique, à une révélation sur la méditation et sur Bouddha, à une histoire qui m’aurait jeté hors de moi et m’aurait propulsé dans un espace de pensées totalement différent, qui m’aurait donc métamorphosé. Ce n’était pas ce à quoi il fallait s’attendre.

Ce roman est « juste » indien. Il est écrit dans un style simple, phrase courte, sans grand lyrisme, mais avec un fil du récit très solide qui tient en éveil d’un bout à l’autre, nous promenant dans l’Inde contemporaine, dans plusieurs villes, avec une constante : les lieux qui font l’objet d’une description ample sont toujours ceux d’une habitation, maison ou appartement, les autres éléments faisant l’objet de description étant les paysages, les voyages et les hommes.

Mais je m’égare : en fait il s’agit d’abord du récit d’une histoire d’amour terminée, quand on en est à l’épilogue. Et ce n’est pas que cela, c’est un récit aux fils multiples (et exposés avec précaution, presque avec clarté) qui revient sur des heures de l’histoire indienne comme celles de l’indépendance et de la procession de Gandhi, de la rivalité entre les différentes ethnies (hindous, mulsulmans) qui composent l’Inde, sur la trajectoire familiale et en particulier sur les épreuves qu’a du subir la grand-mère du narrateur, lorsque sa ferme subit l’attaque sanglante, monstrueuse d’une autre ethnie, qui raconte le cheminement d’un homme, le narrateur, pris entre le dégoût du réel (et son activité de journalisme) et sa difficulté à devenir écrivain, ses tentatives vaines d’écrire un livre (4 je crois), dans lequel on ne peut ne pas voir un parallèle entre l’écrivain du roman et le narrateur.

C’est aussi une double histoire amoureuse, l’une, celle du présent, d’un couple mixte et très charnel, et l’autre, celle du passé, d’une américaine émigrée en Inde 50 ans plus tôt, et dont la vie avec le fils homosexuel d’un Maharajah puis la passion pour un indien – Rachkas – donne lieu à de très belles pages érotiques faîtes de fluides et de tumescence renouvelées.

Et enfin c’est aussi l’histoire d’une installation dans les contreforts de l’Himalaya, une histoire de trajets automobiles, une appréciation des choix sociaux de l’Inde (éducation, lutte pour le pouvoir).

Bref, c’est un livre en fait très dense, aux effluves indiennes passionnées et non pas mystiques, qui sont dévoilées dans une atmosphère élémentaire, simple, claire dont la lecture est très agréable.

Reposant et passionnant à la fois.

Publié dans Littérature

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