La gauche a perdu ... décevant et déprimant. Mais Ségolène croit qu’elle a gagné !

Publié le par ArbreBlanc

Mais qu’est-ce que c’est que ce sourire et ce discours qui perdure et semblent signifier « Nous avons perdu l’élection, mais ce n’était pas cela l’important, l’important c’est MOI Ségolène qui continuera à vous mener par le bout du nez à coup d’espoir béat et de sourire extatique ». On dirait qu’elle se fout de cette défaite, et qu’elle ne pense qu’à sa propre victoire – sur elle-même ? – d’avoir battu son record personnel du nombre d’électeur qui avait voté pour elle. Un nombrilisme pur et simple.

Non, un espoir ne s’est pas levé. Seuls 51% des votants pour Royal le 6 mai ont voté par conviction, le reste a voté par TSS. Ce qui a été mon cas d’ailleurs. Je n’attends qu’une chose : que cette illusionniste frivole, imprécise et psychorigide, cette comédienne de la colère saine, dont la raison d’être était de battre Sarkozy (faut-il rappeler cet argument massue qui lui a permis d’être désignée par les militants PS ?) cesse de jouer les poids lourds libres.

Je vais l’écrire en plus gros, car devant le numéro de passe-passe on pourrait l’oublier :

LA RAISON D’ETRE DE SEGOLENE C’ETAIT D’ETRE CAPABLE DE BATTRE SARKO.

Les principales raisons des scores de Royal se situent – faut-il également le rappeler – dans le matraquage pour le vote utile au premier tour, dont le seul but était de sauver la peau du PS, asphyxiant toutes les autres composantes de la gauche sur son passage et libérant l’espace pour le centre, puis une défiance vis-à-vis de Sarkozy, qu’elle n’aura pas su cultiver dans ce débat où les travers de son adversaire qu’elle entendait dénoncer se sont retournés contre elle.

Ne pas avoir parlé des mots Karcher et Racaille dans le débat est une faute. Et s'être emportée en quelque sorte à sa place en est également une.

C’en est également une de ne pas condamner les manifs violentes fomentées ou allumées par l’extrême-gauche au nom d’un 3ème tour anti-démocratique dans la rue, qui sont une pure provocation totalement irresponsable, une manière d’installer l’affrontement avant l’adversaire, jolie manière.

Non, la comète Royal ne doit pas éclipser l’essentiel : cette refondation de la gauche qui est nécessaire.

Mon analyse actuelle de la situation est que deux grands scénarios de courants politiques peuvent se dessiner.

Il existe un premier scénario, que je qualifierai de  néo-mitterrandien, basé sur un grand parti qui dispose de deux ailes différentes mais non irréductibles (social démocratie, social radicalisme), et qui permet, au gré du vent, de s’appuyer sur l’un ou l’autre des points de vue (radical dans l’opposition, à cheval au 1er tour, sur le 2ème au second tour). Les tenants de cette possibilité n’auront qu’un seul mot à la bouche : l’unité, la synthèse. Ce scénario suppose que le clivage libéral / antilibéral ne soit pas majeur et puisse être modéré entre les 2 ailes. Or toute l’histoire récente du PS, et en particulier le référendum de 2005 mais aussi la primaire socialiste et l’épisode de la drague du centre prouvent le contraire. Le champ à couvrir est désormais trop large pour que cette synthèse soit possible.

Un second scénario verrait une scission de la gauche en deux camps : un camp social-démocrate décomplexé et capable de s’engager sur le centre sous un faciès social-libéral, et un camp social-radical, fondé sur l’antilibéralisme. Si le premier apparaît assez clairement dessiné, le second s’est déjà raté une fois, mais si on en exclut les irréductibles révolutionnaires de l’extrême gauche et si le PCF accepte de se dissoudre (comme en Italie la semaine passée) [je sais, je rêve], alors une force politique peut naître, qui irait de Mélenchon, Emmanuelli, peut-être Fabius (mais à mon avis il va encore virer) jusqu’à Braouzec en passant par Autain et (ce qu’il reste de) Bové.

Les leaders feront-ils les courants ou bien l’inverse ? Car pour que cette transformation se fasse, elle doit être portée par des chefs. Il est visible que Royal forme un tandem, de ce point de vue avec Hollande, et c’en est à se demander si elle n’est pas montée au front à sa place, pour sauver sa position à lui et à elle, et donc bien loin de cette prétendue liberté vis-à-vis du PS qu’elle prétendait incarner mais qu’elle n’a pas réussi à développer si ce n’est avec des idées de droite.

Bref, il y a de fortes chances que le PS, une fois de plus, ne bouge pas suffisamment, mais tente simplement de s’alourdir sur l’aile proche du centre, et se fasse un peu plus griller dans la bataille du centre, dans lequel le PS a beaucoup à perdre, lors des prochaines législatives. Car cette fois-ci, l’UMP n’hésitera pas à jouer le centre contre la gauche, au contraire de l’élection présidentielle où Sarkozy aurait eu tout à craindre d’un Bayrou au second tour. C’est l’un des premiers actes politiques qu’il a enclenché : l’ouverture au centre.

Publié dans Politique

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